Éléments sur la révolution GenAI
Comment le passé peut éclairer la révolution de la GenAI ?
Lors d’une soirée de Generative AI France, notamment grâce aux discussions avec Anthony Coadou et Alexis Godais, on a imaginé trois exemples historiques pour apporter un éclairage sur les interrogations et appréhensions liées à la GenAI.
-
La photographie n’a pas signé la fin de la peinture ; au contraire, de grand·es peintres et mouvements artistiques ont émergé malgré son avènement. L’apparition de la photographie aurait même stimulé l’art pictural (par l’utilisation de la photographie par les peintres, ou au contraire poussant vers l’abstraction). En revanche toute une catégorie de peintre, les portraitistes, a disparu effectivement.
-
L’analyse automatique des radiographies par l’IA n’a pas rendu les radiologues obsolètes, mais a permis d’industrialiser la radiologie, éliminant les radiologues comme goulot d’étranglement et améliorant même leurs analyses.
-
Un·e excellent·e mathématicien·ne peut ignorer comment calculer une racine carrée à la main, tout comme un·e excellent·e dev peut ne pas savoir coder en assembleur. L’acquisition d’une expertise ne nécessite pas forcément la maîtrise des techniques sous-jacentes, qui peuvent donc aujourd’hui être déléguées à la GenAI.
Bon, comparaison n’est pas raison, et ces exemples pourraient être juste des élucubrations : il faudrait que j’étudie vraiment l’impact de la photographie sur la peinture, de l’IA sur le rôle du radiologue et de la calculatrice sur les sciences.
Ce dont je suis néanmoins convaincu, c’est que les artistes, en créant des œuvres culturelles et des mouvements, racontent une histoire collective, forgeant une culture commune qui offre un langage, une histoire et des représentations partagées, permettant ainsi la réflexion, la croissance et la tolérance de l’altérité. Autrefois, les enfants avaient tous vu le même film la veille ; aujourd’hui, il est courant d’avoir lu le même livre ou vu la même série et d’en discuter entre amis. Mais bientôt, chacun pourra voir un film ou lire un livre créé spécifiquement pour lui. Quel sera alors le sujet de nos conversations ? Comment construire un sentiment d’appartenance ?
On peut en attendant relire à ce sujet l’article de Louis Coppey sur les AI-first Service Businesses, qu’on peut décrire comme des business utilisant l’IAGen pour automatiser des services à un niveau tel qu’ils deviennent évolutifs et ressemblent à des entreprises logicielles (de type SaaS). Mais contrairement aux SaaS traditionnelles, ces nouvelles entreprises se concentrent sur des niches spécifiques, et ainsi créent des jeux de données uniques et établissent des avantages concurrentiels solides.
Il donne plusieurs exemple, dont un cabinet comptable automatisé (Pilot.com) et un cabinet juridique automatisé pour les entreprises technologiques (Wordsmith AI).
On voit à nouveau l’IAGen qui permet de passer de la phase Produit/Service à la phase commodités (au sens du #WardleyMapping), sauf que c’est bien les spécialistes du produit qui vont commoditiser leur business (et non leurs clients), ayant en interne les spécialistes permettant d’affiner leur modèle IA.
Un modèle où les peintres deviendraient photographes.